Aline 1 an après

Je me prostitue depuis un an
jour pour jour!

J’ai commencé dans l’urgence financière, et nul doute que sans cela je ne l’aurais jamais fait .
J’enviais certes, ces belles femmes qui sont payées et bien payées pour rencontrer des messieurs et leur faire passer des soirées agréables.
Mais moi je n’étais ni belle, ni grande, ni classe, et de plus étant mariée et mère de famille, qui plus est carrément ronde, je ne pensais pas du tout que cette activité puisse m’être accessible.

Mais voilà, j’étais dans une situation sans issue , et j’étais même prête à en finir, usée par les soucis, les privations, les inquiétudes et la culpabilité.
La culpabilité de de dire à mon fils « s’il te plait, ce serait bien que tu ne prennes pas ton verre de lait ce soir, j’ai oublié d’en acheter il n’y en aura pas pour le petit déjeuner demain si tu le bois ce soir »…
En réalité je n’avais rien oublié, je n’avais même pas les 50cts qui m’auraient permis d’acheter du lait pour le lendemain.
J’avais déjà fait un chèque sans provision pour faire un minimum de courses et je ne savais même pas comment faire pour couvrir ce chèque. Le loyer, l’assurance, l’école, la cantine, …. je n’avais rien pu payer ce mois là, nous étions fin octobre .

Je ne mangeais quasiment plus rien depuis des semaines, entre 200 et 500 calories par jour, j’étais en train de lâcher, et là, alors que j’étais hospitalisée, j’ai vu un reportage sur la prostitution, j’ai vu une femme dans laquelle je me reconnaissais beaucoup, elle était fière, positive, pleine d’énergie et de bonne humeur, elle faisait le tapin depuis 40 ans !!! elle m’a fait halluciner je l’avoue !

Elle n’était pas spécialement belle, elle approchait des 60 ans, avait des rondeurs, j’ai réalisé que les prostituées n’étaient pas forcément les canons que j’imaginais, ni systématiquement des pauvres filles paumées .
J’ai vu cette femme et je me suis dit que j’en serais capable moi aussi , si j’avais su trouver des hommes prêts à payer pour du sexe je l’aurais fait .

Je ne voyais pas quoi faire d’autre, il me semblait que là, tout était terminé .
Par mesure de discrétion je ne dirai pas quel était mon métier mais je travaillais très dur depuis plusieurs années à mon compte, et depuis plusieurs mois les affaires ne tournaient plus, j’étais submergées par les frais et le découragement. Je trouvais injuste d’avoir tant travaillé pour se retrouver au final sans rien même pas de droit au chômage .

J’avais besoin d’arriver à bout du chemin avant de me résoudre à cette extrémité, même en étant une femme plutôt libérée à la sexualité débridée, se prostituer est un pas énorme , comme tout le monde, j’avais des schémas bien ancrés , la prostitution était l’ultime déchéance qu’une femme puisse connaître.
Mais ça c’était avant, je réalise à présent comment nous sommes victimes de nos propres préjugés, mais dans le fond ce n’est peut-être pas plus mal.
Je ne pense pas que tout le monde soit capable de se lancer là dedans sans risquer de s’y détruire.

Je suis allée sur internet, je ne sais pas sans cela comment j’aurai bien pu faire.
J’ai commencé en demandant sur des tchats, aux hommes qui venaient me draguer à la recherche de plan culs faciles.
Je répondais que j’étais dans une situation désespérée et que je proposais des prestations tarifées.
Le premier m’a proposé 60€ pour 1h et l’amour, je me suis dit que s’il était prêt à me proposer ça c’est que le prix devait être plus élevé, alors j’ai demandé 80 au second, et finalement devant les réticences j’ai accepté 40 pour une demi-heure avec fellation mais sans rapport.

S’il est vrai que j’ai eu de la chance lors de mon premier rendez-vous, cela n’a pas toujours été le cas et j’ai exploré ce monde de la prostitution, à tâtons ….
les premiers clients trouvés sur des tchats d’où je me faisaient régulièrement bannir pour racolage, ont été de parfaits dégueulasses, tout juste bons à s’exciter dans ma bouche en me traitant de salope (et ça encore c’est quand j’avais de la chance) et me tripotant les seins , le tout pour 40€ .
Avantage, le rdv durait 15 à 20mn, et je me souviens d’un jour où j’ai fait 3 rdv comme cela d’affilée , dans ma voiture, et 120€ c’était quand même beaucoup d’argent .
Inconvénient, je suis rentrée en pleurant, me sentant humiliée et salie, j’étais une pute, pas de doute là dessus.
J’ai fait des courses, j’ai acheté à manger pour les enfants surtout, j’étais contente, au moment de payer j’ai eu du mal à donner ces billets, j’avais l’impression de donner des milliers d’euros pour ces quelques courses, comme si la valeur de ces billets étaient décuplée, et elle l’était, cette centaine d’euros c’était une partie de ma vie qu’on m’avait arrachée.

Dans le passé je suis passée plus d’une fois par l’humiliation et l’oubli de soi, j’ai été violée alors que je n’avais que 11 ans, j’ai eu plus d’une fois dans les années qui ont suivi et dans ma vie de femme l’occasion de subir la brutalité et la perversion des hommes. Je me suis relevée de tout et toute seule, car même toute jeune j’ai toujours gardé sous silence l’outrage dont j’avais été victime.

La noirceur des hommes comme je l’appelle .
J’avais eu dans ma vie de jeune épouse l’occasion d’en explorer chaque recoin, alors que mariée à un pervers sans nom j’étais soumise à ses désirs et livrée à ses pires fantasmes.
De ce passé j’étais sortie détruite, profondément meurtrie et écœurée. A l’époque, la maternité puis l’obésité avaient étés un refuge pour moi, un refuge qui me répugnait mais me mettait aussi à l’abri des hommes , à l’abri de leur désir lubrique. Je n’étais plus une proie, j’étais devenue une ombre .

Pourtant après 16 années partagées avec cet homme, j’ai trouvé la force et le courage de m’en sortir, de divorcer, de recommencer. De maigrir , de recommencer à aimer, à faire confiance, à séduire sans craindre et à aimer me donner.
J’étais devenue à 36 ans, une jeune femme enfin épanouie et sure d’elle .

5 ans plus tard, j’étais en train d’acheter à manger à mes enfants avec l’argent de mes premières passes. Je me suis dit que oui c’était dur , et oui j’ai détesté ces 3 hommes , mais finalement pas plus que ceux que j’avais pu croiser à une certaine époque de ma vie .
Oui c’était glauque et répugnant, mais au moins je sais pourquoi je l’ai fait , il ne me reste qu’à oublier.

Dans le passé j’avais subit bien pire, et pour rien du tout si ce n’est la satisfaction sadique de mon mari .

Pendant quelques jours les rendez-vous ont eu ce goût amer de la déchéance, et puis un client sympa, puis deux, m’ont dit que je ne prenais pas assez cher, m’ont indiqué des sites où mettre une annonce et des consignes de sécurité .
Après cela tout a changé.

Fini les passes dans la voiture , j’ai monté mes prix et pris des chambres d’hôtel.
J’ai rencontré des clients qui me plaisaient, des clients que je vois toujours régulièrement 1 an après.
Il y a eu le succès du début , j’ai eu de la chance, rien de très difficile, et même des moments très agréables.
L’argent commençait à rentrer régulièrement, et moi je commençais à rembourser mes dettes et payer les factures les plus urgentes . Habiller les enfants de neuf, leur faire plaisir, les emmener au ciné, ou au fast-food, tout ce dont nous avions perdu l’habitude au fil des années , j’avais signé un contrat de VDI (vente indépendante à domicile) quelques semaines avant, c’était la parfaite couverture, les affaires marchaient , les réunions tardives couvraient parfaitement mes soirées.
En même temps que je me sortais de la misère, je m’enfonçais dans le mensonge.

A ce moment là, seul l’argent comptait , ma priorité absolue était le remboursement de mes dettes et l’amélioration de notre quotidien .

En début d’année je m’étais installée dans une sorte de routine, mon téléphone allumé en permanence, courir d’un rendez-vous à un autre, de plus en plus absente, obnubilée par une seule chose , ces rencontres, j’y pensais avant, j’y repensais après, même quand j’étais chez moi, je n’étais disponible pour personne tant dans ma tête tout ne tournait plus qu’autour de ça .
J’avais de plus en plus de rdv et je gagnais toujours plus d’argent, mais c’était pour avoir toujours plus de choses à payer …. et finalement je n’avais jamais un sous d’avance.

Je prends conscience après 1 année passée dans ce monde, à quel point cet argent est toxique, plus on en gagne et plus on en dépense, j’ose espérer qu’il y a des prostituées qui mettent vraiment de l’argent de côté, mais jusqu’ici je n’en ai pas connu, et j’avoue que ça m’inquiète.
On gagne beaucoup d’argent, et très vite, mais on le dépense encore plus vite.
Je me défends de dépenser le mien à des futilités, mais entre les dettes, les pannes de voiture, les frais légitimes d’une famille nombreuse, je ne vois pas l’argent que je gagne.

Je crois qu’on n’arrive pas à garder de l’argent qu’on n’est pas supposé avoir. Le fait de le garder sous la main , l’impossibilité de le poser en banque le rendent encore plus volatile.
J’ai bien compris que le danger est qu’on perd aussi très facilement la notion de l’argent, et c’est ce qui m’effraie le plus.
J’envisage de réduire mon activité de façon à ne gagner que l’équivalent d’un bon salaire, de quoi vivre normalement sans excès .

Réduire mon activité , je l’ai déjà fait il y a 6 mois, car je me suis rendue compte que j’allais trop loin, à 18h je regardais mon carnet, les prénoms se succédaient sans que je puisse remettre un visage dessus ni même le moindre souvenir du rendez-vous ! Cela m’a inquiétée, c’est comme si à un moment mon cerveau voulait se protéger, je crois que de toute façon il est impossible de se souvenir de chacun quand on rencontre plus de 6 ou 7 hommes par après midi .

Je me suis rendue compte que je ne prenais plus de plaisir, que je commençais à faire les choses mécaniquement, je détestais ça.

Et puis il y a eu ce jour maudit.

Un de mes clients préférés , est venu à notre 5ème rencontre avec la ferme intention de me faire un enfant , se disant que si j’étais enceinte de lui, je serais à lui . Ce raisonnement traduit bien le déséquilibre de cet homme, mais pour moi il était trop tard, je n’ai rien pu faire quand maintenant mes poignets sur le lit il accomplissait son forfait .
Je ne me suis pas lavée, je me suis rhabillée et enfuie en l’insultant, je me suis réfugiée dans ma voiture, et suis restée prostrée plusieurs heures, je n’arrivais plus à réfléchir, j’étais seule, je ne savais plus quoi faire, qui appeler, où aller ?
Comment dire à la police que je me suis faite violer alors que je me prostitue ? J’avais trop peur que mon identité soit dévoilée, mon mari informé, peut-être inquiété….. je n’ai rien fait .
Je suis allée aux urgences de l’hôpital, à l’agent d’accueil j’ai dit que je voulais voir un gynécologue, il m’a renvoyé sur les urgence maternité, je suis arrivée devant un interphone, la personne a demandé, « vous êtes enceinte? » « ….. non .. » « alors attendez », la porte s’est déverrouillée, j’ai pu entrer et m’asseoir,
j’ai attendu quelques minutes, j’essayais de rassembler mes idées, j’ai attendu , encore….. violée, je ne pouvais même pas prononcer le mot, tout juste arrivais-je à le penser…. je me suis levée et je suis partie, j’ai pleuré je suis allée dans une pharmacie, j’étais défaite, la pharmacienne m’a regardée étrangement quand je lui ai demandé une pilule du lendemain, je sais qu’elle a hésité à me demander si j’allais bien, un mot d’elle et je me serai écroulée, mon regard était fuyant, elle n’a rien dit , m’a donné la boite, j’ai payé et je suis partie avaler ma petite pilule dans ma voiture, avant de rentrer chez moi, ravaler mes sanglots, donner le change à ma famille.
Je dois préciser que ce jour là , cet homme ne me rencontrait pas à titre de prostituée, j’avais accepté de le revoir à titre privé, il me plaisait, il m’avait séduite. Et à torts ou à raison, je n’ai pas imputé ce drame à mon activité.

Alors j’ai tout repensé, et j’ai décidé de travailler différemment, de davantage sélectionner les clients , j’ai lu dans de nombreux témoignages que les clients étaient grossiers sans respects , et il m’est arrivé de m’exclamer en raccrochant le téléphone « les hommes sont des porcs » … Mais pas tous, Dieu merci !
J’ai lu et entendu que les clients étaient des hommes indignes qu’ils nous prenaient comme des bêtes , comme de la viande, « un trou est un trou » disait mon ex-mari, mais je ne vois pas en quoi les clients sont plus irrespectueux et pervers que les autres .
Nous sommes à l’aire d’internet, des sites de rencontres et des plans culs, croyez vous sincèrement que les hommes qui draguent sur internet ou ailleurs sont plus corrects envers les femmes qu’un client de prostituées ?
Je peux vous assurer que non ! Bien loin de là !

Alors que ma fille de 17 ans, regardait un débat télévisé sur la pénalisation du client, elle a conclut en disant « alors le mec qui paie une fille, on va le condamner, et celui qui nous baise et nous largue après on lui fait quoi à lui ? » .
Je crois que tout est dit dans ces propos !

Alors oui peut-être bien qu’il faut prévoir de pénaliser les hommes qui traitent les femmes comme des objets sexuels , mais pas seulement les clients …..
Vous savez bien que cela est impossible , mais je le dis haut et fort les clients ne sont pas plus critiquables que les autres .
Je dirais même que le client, lui, il a l’honnêteté de ne pas me mentir sur ses intentions, il ne se moque pas de moi, et il n’a pas l’audace de penser que je peux bien lui faire plaisir , que ça doit suffire à me satisfaire.
J’ai lu que les clients ne supportent pas qu’on leur dise non, ou qu’ils exigent qu’on soit disponible quand ils le veulent , se permettant d’appeler à pas d’heure .

Qui dit que nous sommes obligées d’accepter cela ?
Je juge très vite au téléphone si le client me convient ou non , à sa façon de s’exprimer, au contenu de ses attentes, je n’hésite pas quand cela ne me convient pas , à lui conseiller d’appeler quelqu’un d’autre, je ne me fais pas insulter ou c’est rare. ;
Quand à ceux qui appellent à 5h du mat , je ne réponds pas, je ne donne pas suite, parfois je black-liste.
Je ne me sens pas oppressée par leurs demandes ou leurs exigences.

Quand ils me contactent ils commencent toujours par me demander ce que je propose, ce que j’accepte ou non, et en fonction du fait que je réponds ou non à leurs attentes nous choisissons de donner suite ou non .
Je n’ai jamais vu un client me dire « j’ai payé tu fais ce que je veux ! ».
Je ne dis pas que les autres mentent mais je dis que quand on est comme moi une escorte indépendante , rien ni personne ne nous oblige à supporter l’insupportable.
Ou en tout cas pas plus au titre d’escort qu’au titre privé, j’aurai rencontré l’homme qui m’a violé sur internet sur un site de rencontre, il se serait passé la même chose, mais la différence est que j’aurai peut-être pu porter plainte.

J’ai lu de nombreux témoignages de personnes irrémédiablement abîmées, des vies détruites, gâchées , par la prostitution, j’aurais aimé trouver des témoignages qui ressemblaient d’avantage à ce que je vis moi, Aline .

Il y en a peu. Je crois que certains pensent qu’il est bon de faire taire les personnes qui comme moi, assument leur choix de se prostituer, pire, aiment cela.
Car oui j’aime cela.

Il m’arrive de vivre des journées un peu difficiles, avec encore un peu trop de rdv à mon goût , car parfois j’ai des dépenses imprévues auxquelles il faut faire face. Je me dis qu’il y a d’autres emplois qui ne sont pas facile non plus .

L’autre jour je faisais un massage à un monsieur qui sentait si fort !!! pourtant je lui avait fait prendre une douche, mais rien à faire, il sentait toujours, c’était un petit rdv, , un massage, une petite fellation couverte, j’ai pris sur moi 30mn en me disant qu’une kiné elle, n’aurait même pas la possibilité de le faire se laver avant , ok, c’est sûr elle n’a pas non plus à le sucer après.

Quand il a passé la porte, je me suis empressée de black-lister son numéro, je suis sure au moins de ne pas le revoir .

Il y a à côté de ça des rencontres qui sont magiques, avec des messieurs si charmants, touchants, ils me paient pour leur faire passer un bon moment, mais le moment est tout aussi agréable pour moi, j’ai des clients que j’adore, et quand il m’arrive de penser , d’envisager cesser cette activité, je suis soudaine prise d’émotion et de tristesse, comment imaginer ne plus jamais les revoir, ne plus partager ces moments….. ce serait un déchirement pour moi . …

J’ai écouté, et lu, des dizaines de témoignages, écouté les arguments de tout bords.
Je vois la prostitution comme un immense trou noir.

On peut s’en approcher, et tourner en surface, on y prend alors les richesses , le luxe, les rencontres, le plaisir, et ça peut marcher, mais attention l’attraction est forte, et le danger omniprésent.
Le danger est l’engrenage, qui nous entraîne plus profond, jusqu’au point de non retour.
Toujours plus de clients, plus d’argent, toujours repousser nos limites, l’isolement, l’indicible qui nous isole, et nous marginalise.
J’ai senti que la misère s’éloignait, mais je me suis toujours sentie précaire, et même de plus en plus en marge.

Alors oui je crois que la prostitution même consentie est dangereuse, il faut être assez forte pour dire non à l’argent, car sinon on fait toujours plus de passes et alors grande serait la tentation de consommer des substances addictives pour nous aider à tenir .
Je le vois bien, au delà de 7 ou 8 clients dans la même journée je n’en peux plus, je ne vois pas comment on peut humainement aller au delà sans rien prendre.
Alors non seulement je ne prends rien mais j’annule même des rdv quand je me sens trop fatiguée.

Je viens de comprendre que ce truc pouvait me bouffer, et que même si je pense être forte, et capable de bien vivre ma prostitution, et même d’aimer cela , je suis sur un fil, comme une funambule, au moindre déséquilibre je pourrais plonger et être entraînée tout au fond .

Une des choses qui pèsent le plus sur moi est l’impossibilité de vivre honnêtement, l’impossibilité de déclarer mon activité sans craindre pour ma famille, j’ai un mari que j’aime, il est au chômage, il n’a joué aucun rôle dans mon choix, il n’est même pas au courant de mon activité.
J’ai peur pour lui, non seulement peur qu’il le découvre mais peur qu’il soit condamné pour proxénétisme car il n’a pas d’emploi . Ce n’est pas faute de chercher un emploi, mais si c’était si simple ça se saurait n’est-ce pas ?

Je vis avec cette épée de Damoclès au dessus de ma tête, c’est infernal .

Et il y a cet homme celui là même qui voulait me faire un enfant il y a 9 mois, qui m’appelle et me dit qu’il a eu tout le temps de se renseigner qu’il sait tout de moi, où j’habite, qu’il a vu mes enfants , ect….. il veut me revoir, il s’est mit dans la tête que je suis la femme de sa vie. Cet homme me glace le sang et surtout je suis bien démunie face à ses menaces.

Je suis une femme responsable, j’ai conscience de ce que me coûte mon activité, mais j’apprécie aussi ce qu’elle m’apporte.
Pour moi le bilan est positif, il y a eu des hauts, des bas, des moments très durs , et des moments très beaux.

Je considère ce job comme un métier d’amour, en tout cas dans ma façon de le pratiquer.
Ceux qui ne veulent que du cul, je ne les rencontre pas, et petit à petit je ne rencontrerai plus que mes clients favoris, triés sur le volet, comme des amants qui se retrouvent, avec des liens qui se créent une certaine complicité .

Ne garder que le meilleur . Voilà mon but.

C’est de l’amour que je donne à ces hommes, de la tendresse, de la poésie. J’aimerais pouvoir le pratiquer avec plus de sérénité .

Avoir un statut juridique qui me mette à l’abri des problèmes administratifs, et qui me donne la possibilité de déposer plainte contre mon agresseur sans trembler pour les conséquences contre moi ou ma famille.

Je voudrais pouvoir l’exercer sans qu’on remette en cause mon bon sens et mon jugement.
Je voudrais qu’on admette que des femmes puissent vendre leurs charmes de cette façon.
A chacune de se gérer. Je ne dirai jamais que c’est facile ou que c’est l’éclate !

Je suis bien consciente que ce monde est dangereux, toxique, tout est je pense question de dosage.

Chacun, chacune a ses propres limites.

Mon cas n’est pas la règle, je le sais bien .
Il est peut-être même l’exception.
Je ne prétends pas avoir fait le tour de la question, mais à mon niveau je pense avoir exploré autant qu’il était possible ce monde et mes capacités.

Je ne souhaite pas arrêter, mes clients me manqueraient trop, et je trouve ce métier enrichissant et valorisant quand il est pratiqué dans de bonnes conditions.

J’ai décidé le ralentir encore le rythme de mes rencontres, parce que j’ai compris une chose, c’est que de toute façon gagner beaucoup d’argent ne me rendra pas plus heureuse et que ce que cela implique pourrait bien m’entraîner trop loin.